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Communiqués et dossiers de presse

Le programme de circoncision masculine à Orange Farm en Afrique du Sud

20 Juil 2011 | Par INSERM (Salle de presse) | Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie

Le programme de circoncision masculine à Orange Farm en Afrique du Sud (étude ANRS 12126) ralentit fortement l’infection des hommes par le VIH. 

Trois ans après le début d’une intervention reposant sur la circoncision des hommes adultes dans le bidonville d’Orange Farm (Afrique du Sud), une réduction importante de la prévalence et de l’incidence du VIH chez les hommes circoncis a été observée. Ce résultat démontre pour la première fois que la circoncision masculine appliquée à grande échelle est efficace pour lutter contre le VIH au niveau d’une communauté. Cette recherche, coordonnée par Bertran Auvert (Inserm U1018/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) et menée par Dirk Taljaard (Progressus, Afrique du Sud) et David Lewis (Institut National des Maladies Contagieuses, Afrique du Sud), est financée par l’ANRS. Ces résultats sont présentés en tant que présentation orale « late breaker » à la conférence IAS-2011, à Rome, le 20 juillet.

L’effet protecteur de la circoncision de l’homme adulte sur l’acquisition du VIH a été démontré dans trois essais randomisés princeps menés en Afrique du Sud (étude ANRS 1265, publiée en 2005), au Kenya (2007) et en Ouganda (2007). Ces études ont établi que le risque d’être infecté par le VIH des hommes circoncis était réduit de 60%. Ces résultats ont conduit l’OMS et l’ONUSIDA à recommander en 2007 la circoncision de l’adulte comme stratégie de prévention additionnelle contre le VIH dans les communautés ayant une forte prévalence du VIH et une faible prévalence de la circoncision.

Plusieurs programmes proposant la circoncision médicalisée des hommes adultes à large échelle sont actuellement en cours dans des pays d’Afrique subsaharienne tels que le Swaziland, le Kenya, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud. Cependant, la capacité de ces programmes à réduire le nombre de nouveaux cas de VIH (l’incidence) et la proportion des personnes infectées (la prévalence) n’avait pas encore été démontrée. C’est ce que vient de faire l’étude ANRS 12126. En effet, cette étude menée en Afrique du Sud démontre l’efficacité de la circoncision de l’adulte comme intervention contre le VIH chez les hommes à l’échelle communautaire.

L’étude porte sur la population de 110 000 adultes du bidonville d’Orange Farm et a été conduite entre 2007 et 2010. Le projet consistait à proposer une circoncision gratuite et médicalisée à tous les hommes volontaires âgés d’au moins 15 ans. Plus de 20 000 circoncisions ont été effectuées. Le projet s’est appuyé sur une mobilisation des habitants ainsi que sur un large programme d’information sur la prévention, incluant le dépistage, la distribution de préservatifs, et la promotion de la santé sexuelle et reproductive.
Entre 2007 et 2010, la proportion d’hommes circoncis est passée de 16% à 50% parmi les 15-49 ans, avec un pic à 59% chez les 15-24 ans. Les comportements sexuels, notamment l’usage des préservatifs ne se révèlent pas différents chez les hommes circoncis et non circoncis. Chez les hommes circoncis, la prévalence du VIH est 55% plus basse et l’incidence du VIH est 76% plus faible. Sur le plan statistique, cette réduction d’incidence n’est pas différente de celle observée dans les trois essais princeps.
Enfin, les chercheurs montrent que si aucun homme n’avait été circoncis dans cette communauté pendant cette période, la prévalence du VIH aurait été de 25% plus élevée qu’elle ne l’est maintenant et l’incidence du VIH aurait été de 58% plus élevée.

Le professeur Bertran Auvert, principal investigateur déclare : « Cette étude démontre que la circoncision permet de réduire l’épidémie de l’infection à VIH dans les communautés fortement infectées ; c’est un espoir dans notre lutte contre cette infection. Réduire le nombre de nouvelles infections va réduire les décès dus au SIDA mais aussi les besoins en traitements antirétroviraux. Cette étude montre enfin que la généralisation de la circoncision devrait être une priorité de santé publique en Afrique australe et de l’Est et qu’un engagement politique fort est nécessaire ».

Le docteur Dirk Taljaard, l’un des deux investigateurs sud africains déclare: « Nous sommes en train de changer les normes sociales relatives à la circoncision. Ceci rend son utilisation pérenne. Nous devrions bientôt détecter une réduction de l’infection des femmes »;

Le professeur David Lewis, l’autre investigateur sud-Africain déclare : « Cette étude montre un résultat extraordinaire pour une intervention qui coûte 40 euros, prend 20 minutes et ne doit être faite qu’une seule fois dans la vie ».

Enfin, le professeur Jean-Francois Delfraissy, Directeur de l’ANRS, déclare : « Cette étude marque une étape importante qui confirme les données des essais randomisés princeps, mais cette fois-ci à l’échelle d’une communauté, dans la « vraie vie » : la circoncision masculine est capable de protéger partiellement mais fortement les hommes du VIH. Il nous faudra ensuite analyser l’ensemble des données qui nous permettront de mesurer l’impact de la circoncision masculine sur l’ensemble de la population d’Orange Farm, hommes ET femmes ».

La généralisation de la circoncision se poursuit à Orange Farm. Les résultats obtenus aujourd’hui sont encourageants pour la poursuite des programmes de généralisation de la circoncision masculine médicalisée menés en Afrique Australe et de l’Est, sous réserve que cette pratique soit acceptée des populations comme cela a été le cas à Orange Farm.

Contacts
Contact Chercheur
France  Bertran Auvert, MD, PhD South Africa Dirk Taljaard, PhD
Sources
Effect of the roll-out of male circumcision in Orange Farm (South Africa) on the spread of HIV (ANRS-12126) Bertran Auvert (1), Dirk Taljaard (2), Dino Rech (2), Pascale Lissouba (1), Beverley Singh (3), Daniel Shabangu (2), Cynthia Nhlapo (3), Josephine Otchere- Darko (2), Thabo Mashigo (2), Reathe Taljaard (2), Gaph Phatedi (2), Motlalepule Tsepe (2), Male Chakela (2), Audrey Mkhwanazi (2), Portia Ntshangase (2), Scott Billy (4), David Lewis (3,5) (1) UMRS-1018, INSERM, UVSQ, France; (2) Progressus, Johannesburg, Afrique du Sud; (3) Society for Family Health, Johannesburg, Afrique du Sud; (4) National Institute for Communicable Diseases of the National Health Laboratory Services; (5) University of the Witwatersrand, Johannesburg, Afrique du Sud (5). IAS 2011 Rome (Italie), Abstract numéro WELBC02
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